Recueils publiés
Très minoritaires en prison, les femmes sont les grandes oubliées du système pénitentiaire et vivent une très grande solitude.
La photographe Bettina Rheims réalise en 2014 une série de portraits de femmes incarcérées. Sous son regard, malgré l’uniformité du monde carcéral, chaque détenue se révèle une femme unique. La rencontre avec ses photographies a été pour moi un déclencheur.
Chaque court poème se présente ainsi comme une interrogation autour du visage incarcéré, comme la quête d’une parcelle de vérité, si minime soit-elle, autour de chaque être féminin abîmé par l’enfermement.
Sélectionné pour le prix René Leynaud 2022
La mer observée est une rêverie.
Victor Hugo
Face à la mer — à l’univers
ouvert par une fenêtre sur la mer
je demeure inhabitée mais
la mer est promesse
à renaître à revivre
à mouvoir le pinceau à chaque vers
fou qui voudrait posséder la mer
Jour après jour nos lieux nous façonnent,
nous transforment,
nous révèlent à nous-mêmes.
Nous les hantons, ils nous hantent.
Mes lieux ne sont pas nombreux:
l'un est proche,
l'autre est lointain,
le premier est non-lieu.
Mes voyages ne sont pas de ceux qui divertissent
puis se racontent et s'oublient.
Mes voyages sont simples mais s'inscrivent
dans la durée, la répétition, le creusement.
Mes voyages sont souvent des exils,
mes voyages sont souvent immobiles.
J'attrape des émotions
comme papier tue-mouche
dans une masure ouverte
les tiens prisonnières
un temps contre ma paume
puis délicatement
délie les doigts
elles s'envolent
par-dessus le toit
Passe et demeure
cherche ton heure
penché sur un poème lent
longuement regarde le ciel
se bleuter doucement